ALGER – La pièce « Et’Tafihoune », un vaudeville, qui dénonce les dysfonctionnements de la société et la dépendance aux réseaux sociaux, source de désinformation et de manipulation, est entrée, samedi soir, à Alger, en compétition du XV National Festival de théâtre professionnel (FNTP).
Le public nombreux du Théâtre national algérien (TNA) a été ravi, pendant près de 90 minutes, porté par les rebondissements du spectacle, écrit et mis en scène par Ahmed Rezzag et se déroulant en huit tableaux.
Ouvert à plusieurs autres courants théâtraux, dont le psychodrame, la caricature et le burlesque, le spectacle dénonce les ratés de la société et les dangers de l’addiction à Internet et aux réseaux sociaux à travers l’histoire de « Mehdi », campé par le renversant Ramzi Achour, de retour au pays après une longue absence qui le fit passer pour mort après qu’un incendie ait ravagé sa terre douaire, où il était en opération de sauvetage.
Attendant un enfant de l’imam du village qu’il s’était remarié, la femme de Mehdi ne pouvait plus voir son mari réapparaître en voyant son cercueil, tout comme l’imam qui avait prié pour lui avec tous les gens du village. avant de l’enterrer.
Élevée en héros par les autorités locales, une statue a été érigée à son effigie juste devant sa tombe à l’entrée du cimetière, rendant impossible le retour dans la famille, car elle serait synonyme de divulgation d’un numéro d’infractions à la loi, ce qui impliquerait tous les dignitaires du village.
Victime d’un complot et en proie à l’entente contre lui de toutes les personnes du douar qui voulaient partir, Mehdi insiste pour rester car il a commencé à découvrir à travers les réseaux sociaux que l’imam, comme le maire, comme le pompier et tous les adultes du village, ont conservé de fausses identités et ont dupé les autres.
Dans un rythme de jeu ascendant, les acteurs, Kamel Zerara, Chaker Boulemdais, Mahfoud El Hani, Bachir Selatnia, Ismahane Ferfar, Houria Behloul, Rajae Houari, Abderrahmane Djemmouaï, Zineb Romaissa Choukal, Mohamed El Haouès, Michea Mal Boussaidhma et Réda Mal Boussaidhma Kouki, a occupé tous les espaces de la scène, portant la densité du texte dans des échanges intenses et directs.
Soutenu par des danses chorégraphiques extrêmement esthétiques, le travail d’Amine Kiniouar et de Sanae Chami, qui ont servi d’ellipses pour faire avancer l’intrigue, le spectacle a aussi gagné en maturité, grâce au décor fonctionnel, signé Walid Hamzaoui qui a habilement conçu des façades amovibles. pour de multiples usages.
La bande-son et la musique d’Abdelkader Soufi s’ouvrent judicieusement à plusieurs styles, des classiques universels aux chansons et rythmes country, en passant par les titres Hip-Hop, offrant au public un moyen de divertissement supplémentaire à travers la soprano. Anissa Hadjersi qui, en direct, a honoré le silence de sa voix chantante, suave et travailleuse.
Portant sur scène une peluche rhinocéros grandeur nature, Ahmed Rezzag a consacré l’imposture intellectuelle de ses personnages, unis dans le mensonge et prêts à s’allier au diable, faisant ainsi un clin d’œil au grand dramaturge roumain Eugène Ionesco (1909-1994) , l’auteur de la célèbre pièce « Le Rhinocéros ».
Riant aux larmes, le public a apprécié chaque instant du spectacle, applaudissant longuement les artistes à la fin du spectacle.
La pièce « Et’Tafihoune » est produite par le Théâtre Régional d’Annaba.
Treize représentations en compétition et une trentaine hors concours, ainsi que des conférences, des dédicaces, des master classes et des spectacles de rue étaient, pendant dix jours, au programme de la 15e FNTP qui s’achèvera dimanche au TNA, par la remise des prix. cérémonie des lauréats, en présence de la Ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji.