Au cœur du vieux Tlemcen, terre d’arts et d’histoire, se dresse le palais El Mechouar datant du XIIIème siècle avec son prestigieux Palais Royal Zianide, témoin d’une civilisation ancestrale et d’un caractère architectural unique.
Véritable joyau architectural de la ville de Tlemcen, capitale du Maghreb central, le palais El Mechouar, ancienne résidence des rois zianides et lieu de concertation et d’échange, témoigne encore de la splendeur de la dynastie.
Le bastion, situé au cœur de Tlemcen, fut construit en 1234 par le premier roi zianide, Yaghmoracen Ibn Ziane, qui en fit le centre de la capitale d’un État qui résista à plusieurs offensives pendant plus de trois siècles.
Le visiteur du Château découvre une œuvre architecturale unique constituée de jardins luxuriants et ornementaux aussi riches que divers, notamment marqués par des zelliges, des colonnes, des fontaines et des vitraux archéologiques.
En 2011, le Palais a été restauré par un bureau d’études techniques local dans le cadre de la manifestation « Tlemcen Capitale de la Culture Islamique ».
Tous les efforts ont été faits pour préserver l’authenticité de ce chef-d’œuvre jusque dans les moindres détails.
El Mechouar est le seul édifice restant des quatre palais qui composaient la citadelle d’El Mechouar, à savoir « Dar el moulk », « Dar Abi Fahr », « Dar essourour » et « Dar erraha », selon le chercheur en histoire régionale Aboubakr Snouci.
Le palais se distingue par ses nombreuses décorations et gravures qui témoignent de l’originalité de la décoration locale. De nombreux nouveaux ornements, identiques à l’original, ont été ajoutés lors des opérations de restauration, tandis que le zellige est présent dans tous les espaces du palais, et a été conservé dans des fenêtres archéologiques.
La restauration de ce palais s’inspire de l’architecture d’origine, notamment les décorations, en zelliges, à l’exception des plafonds en bois, qui sont une copie des décorations utilisées par les Zianides dans leurs maisons et mosquées, dont la mosquée « Abou El-Hassan Et-Tenessi » ( XIIIe siècle), encore en bon état à ce jour.
Des fouilles ont également été menées sur le site, des pièces détruites par l’occupant français ont été découvertes, dont plus de 50 pierres tombales de l’époque zianide, et 16 réserves de stockage de ravitaillement (Matmar).
Des opérations de fouilles ont également mis au jour des éléments importants du palais, comme des bassins ornés de zelliges et des canalisations en marbre qui servaient à l’alimentation en eau potable.
Le palais est encore entouré de murs construits en terre par le ‘Zianid Sultan Abu al Abbas al Akil en 1446 et qui ont été restaurés à plusieurs reprises avec de la pierre.
Le palais a ensuite été exploité par les Ottomans et l’émir Abdelkader, avant d’être transformé en caserne militaire lors de la colonisation française », selon Senouci.
Les décors et zelliges, la splendeur et l’authenticité du palais « El Mechouar »
Académicien à l’Université de Tlemcen et chercheur en art Mehtari Faiza a déclaré que le Palais Royal Zianid est « une miniature de la ville de Grenade en Andalousie, avec authenticité et spécificité locale. Elle est capable de résister à ceux qui ont tenté de lui arracher son authentique patrimoine culturel et architectural ».
Soulignant l’aspect esthétique du palais, elle dit faire référence « d’une part, aux décorations zianides qui sont l’une des décorations les plus importantes que possède l’Algérie, et d’autre part le zelliges qui est un élément architectural zianide très important ».
Elle ajoute que l’ornementation de la partie supérieure des murs du palais porte « des décorations géométriques et végétales, tandis que la partie inférieure est ornée de versets coraniques en calligraphie pour la plupart ».
Elle note également que « l’artiste Zyanide aimait beaucoup les couleurs, en particulier le bleu, qui ont une présence très importante dans l’architecture et la décoration Zyanide ».
Ce qu’on appelle à Tlemcen Zellij est une « architecture zianide authentique, patrimoine algérien par excellence et atout de la civilisation algérienne authentique ».
Concernant les origines du Zellige, le chercheur a indiqué « ce dernier viendrait de Perse et s’est transmis au monde musulman, par l’influence des Perses sur les Abbassides qui ont transmis cet art en Andalousie d’où il s’est passé à Tlemcen et au Maghreb en général « .
Selon Mehtari Faiza, « les Morisques ont été à l’origine de l’apparition de ces décorations murales qui ont pris différentes formes en Algérie », soulignant que le Zellij algérien se caractérise par son authenticité, sa finesse et son raffinement ».