Le chercheur et écrivain Ahmed Bensaâda a qualifié certains auteurs contemporains d’« écrivains néocolonisés du XXe siècle » qui agissent comme des « informateurs autochtones » cherchant à plaire à l’ancien colonisateur au détriment de leur propre identité culturelle.
S’adressant à Canal Algérie, M. Benssaâda a expliqué que l’écrivain néocolonisé se distingue par sa tendance à s’aligner sur la littérature de l’ancien colonisateur, en adoptant ses idées les plus réactionnaires et en utilisant des stéréotypes pour diaboliser sa propre communauté.
Faisant référence à son ouvrage intitulé « Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête », publié en 2016, M. Bensaâda analyse ce phénomène, soulignant que ces écrivains sont valorisés par un système littéraire qui perpétue la colonisation, même des décennies après l’indépendance.
« L’écrivain néocolonisé du XXe siècle est facilement reconnaissable. C’est lui qui se mêle de la littérature de l’ancien colonisateur, il adhère automatiquement aux idées les plus réactionnaires, use et abuse des stéréotypes et s’efforce de diaboliser sa communauté.» a-t-il souligné.
« A ce prix il est accepté dans les médias et dans les librairies prestigieuses, souvent comparé aux plus grands auteurs métropolitains et récompensé par des prix littéraires », a-t-il ajouté.
M. Bensaâda a également abordé la notion d’« informateur autochtone », désignant ceux qui, en raison de leur origine culturelle, sont perçus comme des experts sur des sujets liés à leur culture, même sans véritable qualification.
Il a critiqué la manière dont ces voix sont souvent amplifiées dans les médias occidentaux, contribuant ainsi à une vision déformée de la réalité culturelle et religieuse.
Il a également critiqué la tendance de ces auteurs à se rapprocher des « cercles sionistes », notant que Kamel Daoud et Boualem Sansal ont tendance à « solliciter auprès de ces cercles » pour que « la voie du succès leur soit ouverte » au détriment de leur identité, langue et religion.
Le chercheur a insisté sur le fait que ces écrivains, cherchant à atteindre la « pureté occidentale », se dissolvent dans une culture qui les dévalorise.
Il en cite des exemples concrets, évoquant les propos de Kamel Daoud qui se disait « plus français que les Français » après avoir obtenu la nationalité française.
Il a également évoqué Boualem Sansal qui, à de nombreuses reprises, a déclaré ne pas être solidaire du peuple palestinien, victime des attaques sionistes, une position que Bensaâda considère comme une « apologie de la barbarie ».