Le Maroc nous a longtemps arraché les oreilles avec la thèse du dossier clos en ce qui concerne le Sahara occidental, prétendant ou se leurrant qu’il a atteint tous ses objectifs et vise à convaincre la communauté internationale d’accepter la politique coloniale de fait.
Pourtant, et hier encore, le roi du Maroc a consacré l’intégralité de son discours, prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, à la question du Sahara occidental, qui n’avait pas l’habitude d’évoquer cette question même sur cette occasion généralement consacrée à l’examen de dossiers internes concernant la vie quotidienne du peuple marocain opprimé. Alors que s’est-il passé pour que le souverain marocain s’écarte de la tradition en consacrant l’intégralité du discours royal au Parlement à la question du Sahara occidental ?
Ce qui vient de se passer est inhabituel, c’est même un événement sans précédent. Les décisions adoptées par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) ne sont pas un événement éphémère qui sera oublié au bout de quelques jours ou quelques mois, mais un événement historique qui aura un avant et un après : l Avant cet historique événement, la frénésie ou plutôt le fantasme du Maroc d’avoir réussi à clôturer le dossier du Sahara occidental et à mobiliser le soutien international nécessaire à la réalisation de ses projets d’occupation des territoires du Sahara occidental.
Après cet événement historique, le Maroc a pris conscience d’une réalité évidente que toutes ses manœuvres et tentatives n’étaient qu’une tempête dans un verre et qu’elles n’ont fait que jeter de la poussière aux yeux des Marocains qui ont finalement compris que le Sahara n’est pas marocain comme le Makhzen. veut nous faire croire.
En effet, les décisions de la CJUE précisent que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé des territoires marocains et que le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui.
A noter que le fait que la plus haute instance judiciaire européenne traite avec autant de sérieux et de rigueur une affaire initialement portée devant elle par le Front Polisario est en soi une reconnaissance claire et directe du statut juridique international de ce dernier, malgré l’accord du Maroc. ses accusations répétées et ses tentatives de dévaloriser l’unique représentant légal du peuple sahraoui.
Comme l’a affirmé la CJUE, dans ce contexte, le peuple sahraoui restera maître de ses territoires et des richesses naturelles dont il regorge, d’autant plus que l’exploitation de ces richesses restera nulle et illégitime tant que le peuple sahraoui n’aura pas été consulté et que le l’avis de son unique représentant, à savoir le Front Polisario, sera pris en compte.
Les mêmes faits avaient déjà été confirmés par la Cour Internationale de Justice (CIJ) il y a cinquante ans, autrement dit, les choses n’ont pas changé d’un iota au cours des cinq dernières décennies, malgré toutes les tentatives et manœuvres du Maroc visant à consacrer son occupation. . du Sahara occidental.
Cinquante ans plus tard, la CJUE rejoint la CIJ sur les mêmes faits historiques qui n’ont pas été affectés par les longues années écoulées et qui reposent sur trois piliers, à savoir : le Sahara occidental est occupé, le Maroc n’a pas de souveraineté sur ce territoire , et enfin, ce territoire est habité par un peuple totalement distinct du peuple marocain.
Ces faits ont été un véritable coup de foudre qui a frappé le Makhzen, qui, à ce jour, ne sait pas comment procéder. Suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a tenté de minimiser l’importance de ces jugements, les qualifiant de non-événement et affirmant que le Maroc n’était pas du tout concerné, le roi du Maroc s’adresse désormais à son peuple de manière discours qui lance un signal d’alarme, demandant aux Marocains d’être vigilants face au danger qui pèse sur la question du Sahara occidental.
Ce dernier ne peut que trouver du réconfort dans la lettre du président Macron, qui a reconnu la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental, reproduisant un scénario similaire survenu récemment, celui du Tweet de l’ancien président américain, Donald Trump, qui avait a également reconnu cette soi-disant souveraineté, reconnaissance à laquelle la nouvelle administration américaine a rapidement renoncé.
Choqué par les conséquences des arrêts de la CJUE, le Maroc n’a pas perdu de temps parcourant tous les pays européens, mendiant tant bien que mal le soutien à sa cause, il a même tenté de promouvoir les déclarations émises par nombre de ces pays, en les interprétant à sa guise. comme un rejet catégorique des décisions de la CJUE.
En fait, quand on parcourt ces déclarations, on se rend compte qu’il est impossible de toutes les mettre dans le même panier, il faut distinguer la position de la Commission européenne de celle de la France, de l’Espagne et des autres pays européens.
La Commission européenne a pris acte des trois décisions fondées sur le principe « pacta sunt servanda », tandis que les communiqués de presse de la France et de l’Espagne étaient cohérents avec leur parti pris en faveur du Maroc. Les déclarations des autres pays européens ont salué le partenariat euro-marocain sans aucune explication.
Dans ce contexte, une source bien informée du ministère des Affaires étrangères nous a indiqué que les ambassadeurs de ces Etats européens ont tous été reçus au siège du ministère, où il leur a été demandé de donner des explications sur les communiqués émis par leur pays. . La plupart d’entre eux ont souligné que ces communiqués ne signifient en aucun cas leur opposition aux décisions de la Cour ou leur volonté de ne pas les considérer à l’avenir, comme voudrait nous le faire croire le Makhzen marocain, insistant sur le fait que leurs pays sont des États gouvernés. par l’État de droit et qu’ils respecteront les décisions de la Cour européenne.
Certains de ces ambassadeurs ont même manifesté leur étonnement face au contenu du communiqué de la Commission européenne, communiqué qui faisait prévaloir le principe de « pacta sunt servanda » sur les décisions prises par la plus haute instance judiciaire européenne.
Le Maroc, le Makhzen, le gouvernement et le peuple ont ouvert les yeux sur une réalité évidente : le dossier du Sahara occidental n’est pas clos, alors qu’ils continuent de suivre les rencontres internationales successives sur ce sujet, notamment en octobre.
Parallèlement aux décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), se tiennent également des réunions de la 4ème Commission des Nations Unies, consacrées à l’examen de la situation dans les 17 territoires visés par la décolonisation, avec un accent particulier sur le Sahara occidental, étant la dernière colonie. en Afrique.
Après la 4ème Commission, le Conseil de sécurité aura également son mot à dire sur la question du Sahara occidental le 16 octobre, lorsqu’il recevra un briefing de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, concernant ses efforts pour relancer le processus politique pour le solution du problème sahraoui. Après le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale examinera également ultérieurement le dossier du Sahara occidental. Après tout cela, le Maroc ose-t-il prétendre que le dossier est clos et qu’il a atteint tous ses buts et objectifs ?
En effet, octobre est le mois de la prise de conscience du Maroc à la réalité qu’il a longtemps nié et tenté d’éviter : la question du Sahara occidental est toujours en jeu, et sa résolution implique un engagement sérieux à négocier directement avec le représentant légitime et le seul du peuple sahraoui, le Front Polisario, dans le cadre du processus parrainé par les Nations Unies.