La tradition qui caractérise la région de Sétif, la volonté d’échanger des gâteaux faits maison le matin de l’Aïd El-Fitr, est une pratique qui passionne particulièrement les habitants des Hauts Plateaux en raison de ses valeurs de cohésion. transmettre.
Cet échange de petites friandises préparées avec amour entre parents, voisins et amis est d’ailleurs l’une des coutumes les plus ancrées à Sétifis, comme on l’appelait dans l’Antiquité. Petits et grands pullulent dès la fin de la prière de l’Aïd, les bras chargés de plats remplis de petits gâteaux tous plus appétissants les uns que les autres, spécialement préparés pour l’occasion, qu’ils vont récupérer, accompagnés des vœux de l’Aïd, aux membres de la famille, parents et amis.
On retrouve un peu de tout dans ces plats : Makrout (semoule et dattes concassées), Baklawa, Sablés, Ghribiya, Tcherek). Les passants sont également invités à le déguster en cours de route, qui rentrent chez eux pour « se réapprovisionner ».
Aujourd’hui, les gâteaux purement traditionnels, comme le Makrout, le Croquet, le Nakkache et le Tcherek, semblent céder peu à peu la place à des douceurs plus actuelles, plus modernes. Des produits qui donnent aux filles et aux jeunes épouses la possibilité de rivaliser d’imagination (nécessaire également) et d’afficher leur savoir-faire.
Le comble de la fierté de ces jeunes femmes, c’est lorsqu’un ami ou un parent leur demande la recette de tel ou tel gâteau. Un véritable nirvana pour eux car c’est la preuve que leur produit a réussi. Il faut dire que les « nouveautés » en matière de gâteaux traditionnels se régénèrent chaque année.
Qui peut imaginer la plus belle forme, le meilleur goût, les plus belles couleurs Les S’men ont peu à peu laissé la place au chocolat, aux colorants alimentaires et autres artifices entrant dans la composition du gâteau, le tout décoré avec art et créativité. Malgré le « défilé des générations », et les transformations sociales et culturelles importantes, la plupart des familles sétifiennes refusent d’abandonner cette coutume « authentique », si précieuse pour renforcer l’esprit familial et les liens de parenté, de fraternité lors de l’Aïd Al-Fitr.
L’autre tradition, encore largement suivie dans les Hauts Plateaux, consiste à rassembler, lors de l’Aïd El Fitr, les jeunes filles mariées dans la maison de leurs grands-parents pour préparer de grandes quantités de gâteaux de toutes sortes, le tout dans la joie et la convivialité, chacune prenant du lui. , à la fin, leur « quota » consistant, bien entendu, en une copie de tout ce qui était préparé.
Le moment clé de ces retrouvailles familiales est celui où tout le monde se retrouve autour d’un grand petit-déjeuner de l’Aïd Meïda agrémenté de tous les gâteaux préparés. Un moment de partage exceptionnel, précédant l’heure de départ des hommes pour la mosquée
Les douanes donnent à l’Aïd El Fitr une saveur particulière
Outre la coutume d’échanger des plats avec des petits gâteaux, il existe dans la région de Sétif d’autres coutumes qui donnent à l’Aïd El-Fitr une saveur particulière. A El Hamma par exemple (extrême sud de Sétif), les fidèles (jeunes et vieux) forment une chaîne humaine pour présenter les vœux de l’Aïd à l’imam, avant de se tourner dans une joyeuse communion avec le reste de leurs concitoyens.
Le professeur Lamri Aissat, président du comité scientifique du département de sociologie de l’université Mohamed-Lamine Debaghine (Sétif 2), a souligné dans une déclaration à l’APS que « la société algérienne est globalement riche historiquement et culturellement. Il a toutefois déploré le fait que les anciennes coutumes, héritées des ancêtres, et qui existent depuis des temps immémoriaux, « commencent à disparaître en raison de la transformation rapide des sociétés qui a affecté leur spécificité socioculturelle, notamment en milieu urbain ».
Selon le même professeur d’université, la préservation du patrimoine culturel de la société « nécessite une réflexion approfondie sur la création de stratégies alternatives pour investir dans tout ce qui est social afin de préserver la société et son patrimoine culturel et donc de protéger ses valeurs sociales ». « .
Il s’agit, a ajouté le professeur Aissat, de « renforcer l’implication de la société civile, sur laquelle l’État mise par ailleurs dans le volet culturel » et « d’encourager les associations à travailler dans le domaine de la préservation du patrimoine culturel et à mener des actions de proximité directe avec le citoyen ».
Le même académicien a également évoqué « l’importance de créer des clubs spécialisés au niveau des institutions éducatives nationales, tous niveaux confondus, ainsi qu’au sein de l’université, pour créer des espaces où les artisans pourraient proposer des cours pratiques pour initier les jeunes générations à l’importance de conservation du patrimoine culturel ».