Le professeur Sid Ahmed Serri (1926-2015), l’un des piliers de la musique andalouse dans sa variante Senaa, a consacré sa vie à préserver ce patrimoine et cette identité ancestrale et à la transmettre aux générations futures.
Le huitième anniversaire de la mort de ce maître de l’École de Sanaa à Alger, revient mercredi à la mémoire pour rappeler sa contribution à l’enrichissement de la bibliothèque musicale classique algérienne, à travers des œuvres de ce genre ancien qu’il a reconstitué, réuni. et tenait à enregistrer pour la postérité.
Né dans la Casbah d’Alger en 1926, dans une famille de mélomanes, Sid Ahmed Serri était connu, depuis son enfance, pour sa passion et son amour pour la mélodie andalouse dans ses belles variations modales et ses cadences rythmiques irrégulières.
À l’âge de quatre ans, il est inscrit à l’école coranique sous la direction de Cheikh El Bachir El Bouziri, qui fait alors réciter à ses élèves des versets du Saint Coran tout en leur apprenant à chanter des chants religieux.
L’étudiant Serri se distinguait par ses capacités vocales à réciter des chants religieux et à mémoriser leurs textes, ce qui l’a amené à animer des soirées Mawlid Ennabaoui Ech’Charif dans les sanctuaires de Sidi Abderrahmane Et’Thaalibi à la Casbah d’Alger ou à Sidi M’hamed Boukebrine du quartier Belcourt.
Après la formation académique qu’il débute en 1945, il rejoint « l’Association algérienne d’art andalou », où il est rapidement remarqué par le professeur Abderrezak Fekhardji qui l’inclut dans sa classe au Conservatoire d’Alger.
Rejoignant d’autres associations musicales andalouses, telles que « El Andaloussia », « El Hayat » et « El Djazairia », Sid Ahmed Serri a non seulement perfectionné son art d’interpréter les chansons andalouses, mais a également développé sa technique sur l’instrument Oud.
En 1947, Maestro Serri rejoint la radio et l’Orchestre de Sanaa, une belle occasion de faire plaisir aux amateurs de cette musique savante, qui le verront nommé « meilleur chanteur » un an plus tard.
Ce nouveau statut lui permet d’accéder aux studios de radio où il commence à enregistrer quelques chansons, puis à la télévision où sa renommée se confirme, avant d’être surnommé « Cheikh ».
En 1952, Sid Ahmed Serri est appelé à diriger l’association « El Djazairia », qui deviendra plus tard « El Mossiliya » et ainsi passer du rang d’élève à celui de professeur puis à enseigner la musique andalouse aux jeunes de la Institut de Musique d’Alger. .
Après plusieurs concerts organisés dans les années 1980, avec ses élèves sous le titre « Automne des musiques algériennes », le professeur Serri est élu en 1989 président de l’association pour la protection, la sauvegarde et la promotion de la musique classique algérienne et en 2006, président de la Fédération Nationale des Associations Algériennes de Musique Classique.
Premier artiste algérien à recevoir l’Ordre national du Mérite en 1992, Sid Ahmed Serri s’est investi corps et âme dans les années 1990 pour enregistrer le patrimoine andalou et ne pas laisser sa transmission à la seule tradition orale.
Ainsi également en 2000 ont vu le jour les premiers enregistrements, sortis sur CD dans le genre « Aroubi », ainsi qu’une série de Noubet dans différents genres et modes rassemblés en 45 CD.
De nombreux artistes, désormais célèbres, ont pris leurs premiers cours et perfectionné leur savoir-faire en chant andalou et en jeu de l’instrument dans les classes de Cheikh Sid Ahmed Serri, une « référence sûre » de la musique andalouse.
Dans son ouvrage publié en 1997 par la Compagnie Nationale des Arts Graphiques (Enag), le maestro Serri a rassemblé tous les poèmes de tous les débutants de la musique andalouse dans sa version d’Alger Sanaa, un ouvrage de référence réédité en 2002 puis en 2006.
Le président de l’association andalouse de musique, « Menzah Anadil El Djazair », Youcef Ouznadji, témoigne de la singularité de l’homme, qui a « le mérite d’avoir réussi à élever la musique Senaa au niveau académique », avant de conclure, « Sid Ahmed Serri a été président d’honneur de l’association « Menzah Anadil El Djazair », de 2000 jusqu’à la date de sa disparition, le 15 novembre 2015. »