Les préférences des lecteurs algériens et leur rapport à la poésie étaient au centre d’une rencontre organisée mardi à Alger à l’occasion de la Journée internationale de la poésie, qui a relevé le désintérêt des lecteurs et des éditeurs pour ces publications, ainsi qu’une orientation des lecteurs vers d’autres formes de création plus réalistes.
Organisée par ANEP Editions, la rencontre a permis aux poètes Lamis Saidi, Rabah Kaddour et Alima Abdhat de partager leurs expériences uniques avec le public de la Librairie Chaib Dzair.
La poète Alima Abdhat a noté que la poésie est un « genre littéraire en soi, qui continue d’exister et d’influencer principalement par son oralité » et qui reste « omniprésente » dans d’autres formes d’arts expressifs, notamment la chanson, les arts visuels et le théâtre.
Estimant que l’Algérie possède un patrimoine riche et varié de poésie populaire, le poète, auteur du recueil « Puisque tu es la mer », soutient que les textes poétiques, vivier dans lequel les chanteurs ont toujours puisé, ont réussi à perdurer malgré l’oralité . . Ils ont permis de transmettre un héritage ancestral, citant les oeuvres de Lakhdar Benkhelouf, Si Mohand Ou M’hand ou Mohamed Ben Guitoun.
De son côté, la poétesse Lamis Saidi souligne que la poésie, aujourd’hui, « n’a pas sa place » dans une société plus intéressée par la création littéraire, qui propose une « approche de vivre ou une façon de faire », contrairement à la poésie qui soulève questions et problèmes.
Elle estime que la poésie influence la manière de vivre et de créer dans des domaines artistiques tels que le théâtre et le cinéma, notant que ce genre est « la forme de création la plus difficile » car elle part du langage, outil commun à tous, pour créer des images et évoque des émotions.
Concernant la question de la circulation du texte poétique jugée faible, la poétesse qui a publié ses recueils en Algérie et à l’étranger, affirme que les poèmes s’adressent davantage à l’oreille, arguant que même « les grands poètes ne font pas de grands tirages ».
Le poète d’expression amazighe, Rabah Kaddour, a quant à lui déploré le « désintérêt » de certains éditeurs pour la poésie qui, dit-il, n’attire pas (selon les éditeurs) un lectorat « significatif ».
Cependant, ce jeune poète lauréat du Prix du Président de la République de Littérature Amazighe, avoue que les textes poétiques du poète Si Mohand Ou M’hand ont survécu grâce à une transmission orale de génération en génération avant des chercheurs comme Mouloud Mammeri , les réunit dans un livre .