Le général de la pièce « Naker lahsane » (l’ingrat), une tragi-comédie traitant de l’éternelle dualité entre le monde des idées et celui des choses, a été présenté jeudi à Alger à un nombre relativement important.
Présenté au Théâtre National Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle a été mis en scène par Youcef Taouint sur une réécriture de sa plume, tirée de l’idée du spectacle, « Le chant des cygnes », étude dramatique en un. acte de l’écrivain, dramaturge russe Anton Pavlovitch Tchekhov (1860-1904).
D’une durée de 60 minutes, « Naker lahsane » raconte l’histoire de « Louz », poète dramaturge et metteur en scène sans le sou vivant en vagabond, campé par Kamel Kacimi, et de son frère « El Bahri », être impitoyable et autoritaire, un directeur de théâtre et vivant dans son « costume de manager sans compromis », incarné par Mohamed Khelifi.
« El Bahri » interdit à son frère de passer la nuit au théâtre pendant sa période précaire, une situation « inadmissible » qui entraînera l’intervention de « Ammar Draham », le gardien, incarné par Fethenour Hammouche, qui s’envolera pour sauver de Louz, l’hébergant clandestinement dans l’une des loges du théâtre, à condition qu’il écrive ses échanges épistolaires, propices à l’expression de son lyrisme amoureux, qu’il dédie à sa bien-aimée.
Rendu par Aouf Zoheir, ‘Wathiq’, un autre habitant de ‘Ammar Draham’, qui fait face à l’adversité dure et disproportionnée de la vie, se révélera être un personnage complètement différent de celui qu’il a apparemment sous-entendu.
Dans des échanges ascendants et soutenus, les acteurs ont bien porté la densité du texte, occupant tous les espaces de la scène dans un cadre exigeant d’une pièce imprégnée de plusieurs références académiques, entre burlesque, psychodrame, comédie noire et vaudeville, ainsi que une partie de chorégraphie signée du grand Slimane Habès, qui règle une bagarre entre les deux frères.
La scénographie minimaliste et concluante, œuvre de Mohamed Bordjane, était faite de lumières variées, entre latérales, individuelles et générales, ainsi que de deux pantalons longs, avec deux entrées suggérant l’accès à différents espaces du théâtre, meublées d’un lit et quelques accessoires.
Le choix judicieux du réalisateur, le montage de la bande originale, constituée d’un mélange hétéroclite de chansons entre chants chaâbis et musiques occidentales qui ont contribué à créer des ambiances mélancoliques, sur fond de tourment et de nostalgie.
Version revue et améliorée d’un spectacle déjà mis en scène en 2013, la pièce « Naker lahsane », est produite par le Mouvement théâtral de Koléa (MTK), qui a à son actif, depuis sa création en 1995 par Youcef Taouint, plusieurs prix nationaux.