L’étau se resserre encore plus sur le Makhzen, embourbé dans le retentissant scandale de corruption au Parlement européen, alors que les eurodéputés débattront, à partir de cette semaine, en session plénière des droits de l’homme au Maroc.
Un mois après le déclenchement du « Morocgate », les parlementaires européens débattront mardi des droits de l’homme au Maroc, pour la première fois depuis 25 ans, en session plénière, et une résolution sera mise aux voix, selon le Parlement belge journal Le Soir.
Une source au sein de l’institution européenne, a déclaré que le scandale de corruption « a ouvert la voie à ce débat sur le Maroc (…) et a ouvert la porte toute grande pour discuter des violations qui y ont eu lieu jusqu’à présent ».
Ce projet de résolution sur les droits de l’homme au Maroc, selon des sources européennes citées par les médias, « était en préparation depuis un certain temps, mais l’affaire (la corruption) l’a précipité ».
Les mêmes sources ont affirmé que le groupe de gauche au Parlement européen a demandé et soutenu plusieurs décisions d’urgence sur le Maroc ces dernières années, citant le cas du journaliste marocain détenu arbitrairement Omar Radi et de l’historienne et militante des droits de l’homme Maati Monjib, ainsi que la crise migratoire à Ceuta et Melilla.
« Marocgate » a éclaté après l’arrestation de Pier-Antonio Panziri, ancien eurodéputé en Belgique, dans une enquête qui a secoué le Parlement européen.
Il est accusé de s’ingérer politiquement, avec d’autres eurodéputés, en faveur du Maroc, en échange d’argent.
En session plénière à Strasbourg, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, annoncera lundi le début d’une procédure concernant la demande de levée de l’immunité parlementaire visant deux eurodéputés, formulée par la justice belge enquêtant sur ce scandale.
La commission parlementaire des affaires juridiques (JURI) devra ensuite l’examiner à huis clos et présenter une proposition de décision, qui sera finalement votée par tous les députés en plénière. Le Parlement européen devrait se prononcer mi-février sur la levée de l’immunité, selon certains médias.
Le premier sujet de la procédure est l’eurodéputé italien Andrea Cozzolino, appartenant au groupe S&D (sociaux-démocrates), dont la politique aurait été influencée au nom du Maroc par lui et deux autres compatriotes, en l’occurrence Pier-Antonio Panzeri et Francesco Giorgi. Le second étant le Belge Marc Tarabella, également du groupe S&D.
Acculé, Andrea Cozzolino vient de démissionner de la commission parlementaire spéciale sur le programme Pegasus (logiciel espion utilisé notamment par le Maroc) et de la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne.
Suite aux événements, l’eurodéputé italien a demandé à la commission du développement régional du Parlement européen de retirer une série d’amendements, dont deux concernaient le Maroc. Comme le rapportent le site Internet ilfattoquotidiano et l’agence de presse italienne Ansa, il y en avait treize au total.
Cozzolino a été suspendu le 16 décembre du registre des membres et des électeurs du Parti démocrate, ainsi que de tous les postes au sein du parti, après que son nom ait figuré dans l’enquête du parquet belge.
De son côté, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a soumis aux groupes politiques quatorze actions concrètes, à mettre en œuvre rapidement pour tenter d’enrayer les risques de corruption. Une première étape avant une réforme plus profonde.