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Après « Moroccogate », il sera difficile pour l’UE de nier les violations au Sahara Occidental

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La présidente de l’Association d’amitié Portugal-Sahara occidental (AAPSO), Luisa Teotonio Pereira, a indiqué que « Morocgate » pourrait avoir un impact sur le positionnement d’un groupe de pays vis-à-vis de la politique expansionniste du Maroc, estimant que cette fois il sera « très difficile  » pour que les Européens « continuent à nier » les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés.

« Nous sommes convaincus que grâce à l’ouverture de cette porte (scandale de corruption retentissant au Parlement européen impliquant le Maroc, NDLR), il sera désormais plus difficile de continuer à fermer les yeux ou à nier les violations permanentes des droits de l’homme, non seulement en Maroc, mais aussi dans le territoire occupé du Sahara Occidental », a déclaré Pereira dans une interview à l’APS.

Pour elle, il est aussi « extrêmement difficile » pour la Commission, le Conseil et le Parlement européen de « trouver des moyens » pour les décisions de sa propre Cour de justice, alors que cette dernière rendra public le jugement définitif sur les accords illégaux conclus entre l’Union européenne (UE) et le Royaume du Maroc.

Elle a exprimé son souhait que les circonstances politiques internationales actuelles « ouvrent bientôt des opportunités » pour la tenue du référendum d’autodétermination au Sahara Occidental au profit du peuple sahraoui.

Ce dernier, a-t-elle noté, « après plus de cinq décennies de lutte contre le colonialisme, d’abord celui de l’Espagne et jusqu’à aujourd’hui celui du Maroc, a fait preuve d’une constance, d’une volonté et d’un courage extraordinaires pour parvenir à l’autodétermination et à l’indépendance ».

Son seul représentant légitime, le Front Polisario, « qui affronte simultanément plusieurs défis, de la lutte armée à la lutte politique et diplomatique (..), a accepté une grande responsabilité et continue de l’honorer », a poursuivi le militant portugais qui vient d’assister au 16e Congrès du Front Polisario.

Dans le même ordre d’idées, il a noté avec satisfaction que le soutien international à la juste cause du peuple sahraoui ne cesse de croître.

Elle a relevé au contraire « l’isolement » du Maroc et le ferme soutien de l’Union africaine à la cause sahraouie. Au niveau européen, les nouvelles données, notamment celles liées au dark business dit « Moroccogate », pourraient avoir, selon elle, « un impact sur le positionnement d’un groupe de pays » vis-à-vis de Rabat et de sa politique expansionniste.

Quant au rôle de l’Espagne, la puissance gouvernante, la grande majorité du peuple et des institutions étatiques soutient les droits du peuple du Sahara occidental, dit-elle, si ce n’est pour « l’erreur colossale » commise en 1975 (Accords de Madrid, éd. .), à laquelle s’est récemment ajoutée « une deuxième erreur politique et stratégique », cette fois par la volonté du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir), en référence au revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental.

« Le vote des eurodéputés espagnols contre l’adoption, au Parlement européen, de la résolution sur les droits de l’homme au Maroc a cruellement mis en lumière à quel point le PSOE est prêt à renier ses propres valeurs afin de défendre les intérêts des tiers fêtes », a-t-elle noté.

« Cela rend difficile la négociation d’une fin au conflit et, surtout, ternit l’identité et la crédibilité du parti politique lui-même (…) », déplore-t-elle.

En sa qualité d’ancienne coordinatrice du People’s Rights Committee du Timor-Leste, l’infatigable militante a établi de nombreuses similitudes entre les deux questions (Timor-Leste et Sahara Occidental) : les deux territoires ont été colonisés par deux pays ibériques, ont été annexés de force par leurs voisins (respectivement l’Indonésie et le Maroc) et reconnus par l’ONU comme des territoires non autonomes. « Donc du point de vue du droit international, la situation est la même. »

Mais il existe aussi des différences importantes entre les deux cas, tant sur le plan politique que géostratégique, le plus important, selon lui, étant « le fait que l’État portugais n’a jamais refusé sa responsabilité en tant que puissance gouvernante de sa colonie, tandis que l’État espagnol a l’a refusé depuis 1975 jusqu’à aujourd’hui ».

Selon elle, une partie de l’explication réside dans le fait que le Maroc est un pays voisin, ce qui lui donne la possibilité « d’exercer un chantage permanent sur l’Espagne et d’autres pays européens ».

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