De son berceau dans l’Ouest algérien aux plus grandes scènes de spectacle du monde, le raï, chanson folklorique algérienne profondément ancrée dans la culture de sa société, est entré dans la prestigieuse liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.
L’ONU consacre ainsi, lors de la 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, un art de la performance porté par une tradition orale et des pratiques sociales qui ont évolué depuis son berceau rural algérien, pour investir des scènes culturelles dans de nombreux pays environnants . le monde.
Dans l’argumentaire présenté aux experts et représentants des pays membres, le raï est présenté comme une chanson populaire d’Algérie qui « respire et transmet une marque forte d’expression de l’identité de la société qui lui a donné naissance et reconnaissance ».
De son berceau dans les villes de l’Ouest algérien comme Oran, Ain Temouchent, Sidi Bel Abbes et Saïda, cette « chanson folklorique traduit la réalité sociale et chante l’amour, la liberté, le désespoir, la contrainte sociale, sans tabou ni censure », explique le pitch. .
Le Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire (Cnrpah), qui a rédigé la demande de classement, rappelle que les maîtres (Chouyoukh) ont chanté des textes de poésie « melhoun » (poésie en arabe vernaculaire) pendant deux siècles. langue) joué avec un orchestre traditionnel composé de « gallal » (tambourin tubulaire) et de « gasba » (flûte).
L’argument précise que les femmes (cheikhat) sont celles qui donneront, au début du XXe siècle, une orientation moins soumise aux langages conventionnels en imposant des codes transgressifs.
Le Raï a ensuite connu une plus grande diffusion géographique en Algérie vers le centre et l’est du pays, principalement en raison de l’émergence de supports d’enregistrement permettant une large diffusion, avant de s’imposer à l’international grâce à la communauté algérienne vivant à l’étranger.
Connu sous sa forme actuelle depuis les années 1970, le raï avait durant cette période introduit des instruments tels que la guitare électrique, la trompette, l’accordéon, le synthétiseur, qui donnaient différentes nuances au genre sans en dénaturer « l’esprit ».
Le dossier de candidature présente cette musique à la fois comme une « voix d’espoir contre l’intégrisme islamiste » dans les années 1990, mais aussi comme un « lien symbolique au pays » pour la communauté algérienne installée à l’étranger.
A travers les diverses collaborations entre artistes de renommée mondiale, le raï s’est également imposé comme un facteur de rapprochement entre les communautés et les cultures et un médiateur « d’intercompréhension et d’échange ».