La bataille du « Djebel Mongorno », dans la commune de Zoubiria, à l’ouest de Médéa, a représenté un revers militaire très retentissant pour l’armée coloniale française, dont la prétention à l’invincibilité a été remise en cause après cet affrontement militaire, compte tenu des pertes subies. sur le terrain, a déclaré l’ancien moudjahidin.
Rien ne prévoyait au 30 décembre 1958 qu’une simple escarmouche se transformerait en une bataille dans laquelle d’importants moyens militaires terrestres et aériens seraient engagés par l’armée coloniale devant la farouche détermination des combattants de l’Armée de libération (ALN), selon le témoignage de les moudjahidines Benyekhlef Boucherit et Benaissa Sabour, à la veille de la commémoration de cette bataille.
Personne au sein de l’état-major général de l’armée française ne s’attendait à un affrontement de cette ampleur, encore moins à subir un affront militaire contre les « Katibats » de l’ALN, troupes d’élite qui ont mis en déroute les maquis en zone II de la wilaya historique IV, malgré puissance de feu ennemie.
Le 29 décembre 1958, les premiers éléments de la Katibate « Ez-Zoubiria », « El-Hamdania » et « El-Omaria », déployés à travers les maquis de la zone II, convergent vers le massif d’Ouled Bouachraa, à l’ouest de Médéa, où le siège était situé l’historien de la wilaya IV. Une réunion devait se tenir pour regrouper les « Katibate » opérant dans cette wilaya en une seule entité militaire opérationnelle.
L’objectif du commandement de wilaya IV était de réussir à constituer un bataillon capable de contrer la stratégie militaire de l’ennemi. Cependant, un imprévu fait avorter cette union, note Bouchrit.
Alerté par la présence inhabituelle de troupes de l’armée coloniale autour du maquis d’Ouled-Bouachraa, l’état-major de la wilaya IV a ordonné le redéploiement de la « Katibate » et la préparation au combat, poursuit ce témoin, dont la Katiba, « Zoubiria », était, au moment des faits, au « Djebel Mongorno », à quelques kilomètres du lieu de la rencontre initiale.
A l’aube du 30 décembre 1958, des éléments des katibats « Zoubiria » et « El-Hamdania » prennent position aux points les plus élevés de ce vaste massif forestier pour sécuriser la zone et couvrir le retrait des personnels et des combattants. présent à Ouled Bouachraa en cas d’encerclement.
Vers dix heures du matin, les premières explosions d’armes automatiques brisent le silence qui régnait dans la place, annonçant le début d’une des plus grandes batailles que les troupes de l’ALN eurent à mener pendant la guerre de libération. L’effet de surprise déstabilise l’état-major français qui est contraint de stopper sa progression vers Ouled Bouachraa et de combattre au « Djebel Mongorno ».
Les combats vont s’intensifier avec le temps, s’étendant à d’autres zones jusqu’alors exemptes de combats, se souvient Mujahid Benaissa Sabor, employé sur la ligne de front, a-t-il témoigné.
L’intervention des véhicules blindés et de l’aviation a encore enflammé la zone de combat, selon ce moudjahid qui a assisté, les armes à la main, au martyre de ses compagnons tombés au combat. La zone de combat a été, pendant des heures, le théâtre d’un déluge de feu.
L’enfer est aussi venu du ciel, poursuit Benaissa Sabor, qui se souvient encore de l’image du ballet incessant des avions de chasse larguant des bombes sur les positions occupées par les moudjahidines des katibats « Zoubiria » et « El-Hamdania », dans une tentative désespérée pour éviter une « errance » militaire qui commençait à se dessiner tard le 30 décembre 1958.
Des renforts militaires de Blida et d’Alger sont envoyés sur place pour tenter de resserrer l’étau des moudjahidines qui, malgré la supériorité numérique et les moyens de l’ennemi, continuent de défendre leurs positions et d’attaquer leurs pertes.
Au crépuscule, quelques coups de feu sporadiques continuaient de retentir, moins intenses qu’à midi. L’occasion pour les moudjahidines, encore en vie, d’amorcer leur retraite pour éviter d’être encerclés par l’ennemi, note Sabor.
Certains moudjahidines ont réussi à se glisser entre les mailles du filet de l’appareil militaire ennemi, tandis que d’autres sont tombés au champ d’honneur. Pas moins de 140 valeureux combattants des katibats « Zoubiria » et « El-Hamdania » sont morts en martyrs lors de la bataille du « Djebel Mongorno », raconte Benaissa Sabor.
Beaucoup de ces martyrs, notamment parmi les effectifs de la katiba « El-hamdania », presque entièrement décimés, ont été brûlés au « napalm », selon les témoignages du moudjahid Benyekhlef Boucherit, blessé dans cette bataille, et de Benaissa Sabor.
Des sources estiment les pertes humaines de l’armée coloniale lors de cette bataille à 900 morts, d’autres avancent le chiffre à six cents (600) morts.