Le développement de l’aquaculture est une nécessité impérative pour la conservation et la diversification des ressources halieutiques de plus en plus menacées par les facteurs humains et climatiques, a souligné un responsable du Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture (CNRDPA).
« Nous assistons à un épuisement mondial des ressources halieutiques dû à la pollution marine, au changement climatique et à la surpêche, et l’aquaculture s’avère être l’une des meilleures options pour promouvoir une pêche durable et faire face à cette surexploitation des stocks de poissons », a souligné, dans un déclaration à l’APS, Souad Lamoudi, chercheuse et responsable du service de valorisation des résultats de la recherche au CNRDPA.
Dans ce sens, Mme Lamoudi a souligné le rôle du CNRDPA dans le développement de l’activité aquacole en Algérie, notamment par l’installation de plusieurs stations expérimentales de pisciculture en eau de mer et en eau douce sur l’ensemble du territoire national.
« L’intérêt de ces stations est de développer des techniques d’aquaculture adaptées au milieu local pour les transmettre aux investisseurs qui souhaiteraient monter leurs propres fermes », a-t-elle expliqué.
« En plus des stations spécialisées dans la pisciculture (pisciculture) et diverses conchylicultures (huîtres, moules, etc.), le centre a développé la filière crevette, liée à une espèce de grand intérêt commercial », dit-elle, argumente-t-elle, précisant que le CNRDPA dispose de deux fermes pilotes d’élevage et d’élevage de crevettes, chacune équipée d’un laboratoire de recherche.
La première ferme fait référence à la culture en eau de mer. Elle est installée depuis 2011 dans le port d’El Marsa de Skikda sur une superficie de 15 hectares avec une production de 3 tonnes par an.
Tandis que le second, d’une capacité de 10 tonnes, est basé à Hassi Ben Abdellah, dans la wilaya de Ouargla depuis 2016. Il concerne la croissance et l’engraissement des crevettes d’eau saumâtre pouvant être élevées en eau douce.
« Ces fermes pilotes nous permettent de développer et de maîtriser les techniques d’aquaculture de ces différentes espèces pour les transmettre aux investisseurs qui souhaiteraient monter leurs propres fermes », a-t-elle précisé.
Par ailleurs, Mme Lamoudi a souligné l’importance socio-économique de l’aquaculture, notamment dans le sud, en exploitant de grands espaces libres riches en eaux souterraines. « Dans ces zones, nous encourageons l’aquaculture intégrée à l’agriculture, qui consiste à utiliser des plantes avec de l’eau d’irrigation pour la pisciculture », a-t-elle déclaré.
« L’intérêt de cette pratique est double : elle permet aux agriculteurs de disposer d’une eau d’irrigation riche en engrais naturels, tout en approvisionnant les populations en produits halieutiques », a-t-elle encore expliqué.
Abondante dans le même sens, Sabeha Aguenini, chef du service protection de la ressource à l’Agence Nationale des Barrages et des Transferts (ANBT), met l’accent sur le rôle de l’aquaculture dans l’augmentation de la production piscicole en Algérie, soulignant le rôle des barrages dans le développement de ce créneau.
« Une production annuelle de 200 à 500 tonnes d’espèces à valeur marchande est générée par les barrages », a indiqué Mme Aguenini à l’APS, citant l’alose, le black bass, le barbeau ainsi que la carpe chinoise qui, outre la valeur économique, joue un rôle de « purificateur » biologique.
« Cette espèce permet en effet d’épurer les ressources en eau en contrôlant la prolifération des végétaux, comme les algues, qui rendent difficile le traitement de l’eau », explique-t-elle.
Plus de 70 millions d’alvins ont été déversés dans les plans d’eau des barrages en fonctionnement depuis 1986 à ce jour, selon le même responsable.
« Pratiquement tous les barrages en fonctionnement sont ensemencés à part les barrages qui sont en phase de remplissage », a-t-elle dit, précisant que 25% de l’eau des barrages est destinée à l’irrigation, soit 600.000 mètres cubes.
« Cette eau enrichie en matière organique permet d’obtenir un meilleur rendement agricole tout en réduisant l’utilisation d’engrais chimiques », a-t-elle ajouté.
Selon les prévisions du ministère de la pêche et de la production halieutique, la production aquacole nationale (élevage en barrages, fermes en eau de mer et aquaculture) devrait atteindre 8.000 tonnes d’ici fin 2022, en hausse de 67 % par rapport à l’année dernière.
