La Wilaia de la Blida a marqué sa participation au déclenchement de la guerre de libération nationale, le 1er novembre 1954, par une série d’opérations armées, qui ont endommagé les infrastructures de base (dont les casernes militaires) du colonisateur français, annonçant le début de la Révolution d’un peuple qu’il croyait en sa cause, selon les moudjahidines qui ont pris part à ces faits d’armes.
« L’objectif principal de ces opérations était de briser la barrière de la peur chez les moudjahidines et d’annoncer le déclenchement de la guerre de libération nationale, quelle que soit l’idée de son succès ou de son échec, compte tenu du prétendu manque d’armes au temps », a témoigné le moudjahid Abdelkader Annane (l’un des participants à ces opérations) dans un entretien à l’APS.
Selon des sources au sein de la Direction des moudjahidines et des Bénéficiaires, d’intenses préparatifs, liés notamment à la formation des moudjahidines et à la planification d’opérations et de sites ciblés, ont précédé ces actions militaires, au cours desquelles neuf groupes de moudjahidines, appelés « Groupes moudjahidines » , participé. du 1er novembre de la Mitidja ». Ces actions ont causé des pertes matérielles considérables à l’administration coloniale.
Cinq jours avant le 1er novembre, des militants bien connus de la cause nationale, dont les moudjahidines Rabah Bitat et Mohamed Boudiaf, ont fait le tour de la région pour fixer les lieux qui seront visés dans la wilaya, pour déclencher l’une des plus célèbres guerres d’indépendance en histoire contemporaine.
Les préparatifs comprenaient également l’inauguration des premières installations de fabrication de bombes à Soumaâ, Bouinane et Ouled Yaich le 14 mai 1954, en plus de la formation des éléments impliqués dans le maniement des armes, entre autres.
Une opération a également été lancée pour collecter les vieilles armes à feu auprès des citoyens, parallèlement à l’organisation de patrouilles d’inspection des lieux ciblés, assurant scrupuleusement le secret total de toutes ces opérations, conformément aux indications des leaders de la révolution.
Moudjahid Abdelkader Annane était chargé de recruter de jeunes candidats pour participer à ces opérations, a-t-il précisé à l’APS. « J’ai été chargé de sélectionner des jeunes hommes célibataires en bonne condition physique qui avaient déjà accompli leur service militaire obligatoire afin qu’ils puissent aider à former d’autres jeunes volontaires au maniement des armes », a-t-il expliqué.
Des jeunes moudjahidines de Kabylie ont également participé à plusieurs de ces opérations, ciblant des casernes militaires à Blida et Boufarik. « Ces opérations ont été un succès. Ils sont rentrés dans leur région chargés d’armes et de munitions », a-t-on appris auprès des dirigeants moudjahidines locaux.
Casernes et ponts, cibles majeures des moudjahidines
Les dirigeants de la Révolution ont pris un soin particulier, dans la planification de ces attaques militaires, à cibler les infrastructures de base de l’administration coloniale française. L’usine des alliés et la papeterie de Bab Ali ont été incendiées, les ponts Oued Lekhel, à l’entrée de la ville de Boufarik, Ben chaâbane et Oued Chaàbnia, situés entre Birtouta et Ouled Chbel, ont été détruits pour entraver la circulation des l’ennemi. .
L’opération de la caserne « Bizzot » à Blida, menée par une trentaine de moudjahidines sous le commandement de Rabah Bitat, fut également un succès, comme toutes les autres opérations qui surprirent le colonisateur français. Les groupes qui ont pris part à ces actions se sont repliés dans les montagnes de Chréa et Megtaà Lezreg, tandis que les moudjahidines indésirables sont rentrés chez eux.
Moudjahid Abdelkader Annane (90 ans) dit se souvenir, à ce jour, « des moindres détails des opérations de la nuit du 1er novembre », dotées « d’une haute symbolique », selon son expression. Il a également salué le succès de ces opérations qui « ont déconcerté les autorités coloniales, qui ne s’attendaient pas à des attaques simultanées sur l’ensemble du territoire national ».
Pour le professeur d’histoire à l’Université Ali Lounici d’El Affroune, Abdelkrim Menaceur, le succès du déclenchement de la Révolution de novembre s’explique par « une très bonne organisation des opérations, qui n’a négligé aucun détail, ainsi que la préparation », constatant que les préparatifs qui les ont précédés ne laissaient aucune place au hasard.
A cela s’ajoutent « la conviction et la détermination des moudjahidines, ainsi que leur croyance dans le bien-fondé de leur cause », a fait valoir l’académicien, qui n’a pas manqué de souligner le soutien du peuple à cette Révolution, notamment suite aux manifestations de mai 8, 1945, qu’ils ont renforcé la conviction que « seule l’action armée est capable d’expulser la France coloniale de l’Algérie ».
« Les autorités coloniales, qui ne s’attendaient pas à de telles opérations simultanées dans tout le pays, ont été surprises par le déclenchement de la guerre de libération et ont réalisé, pour la première fois, qu’elles étaient face à une véritable Révolution et organisation », a ajouté M. Menaceur. . .
Il a également souligné combien il était « difficile » pour les dirigeants de la Révolution de l’époque d’agir contre l’ennemi dans la Mitidja qui disposait « d’un grand nombre de points de contrôle français, du fait de ses centres de décision proches, outre le fait que elle constituait une ressource économique importante pour les autorités coloniales ».