Des témoins encore vivants du massacre de la grotte de Benkermiche au lieu-dit R’haouat de la commune Hidoussa (Batna), commis le 6 avril 1959 par l’armée d’occupation française, affirment qu’il s’agit de l’un des crimes les plus horribles qui témoignent de la la barbarie du colonisateur.
Des témoignages recueillis par Conven indiquent que près de 60 chouhadas, dont la plupart des blessés et malades qui recevaient des soins dans ce lieu servant d’infirmerie pour l’Armée de libération nationale, sont morts asphyxiés et brûlés par des gaz toxiques.
Le compagnon de Chahid Ali Nemeur, Belkacem Kherchouche, actuellement secrétaire du Kasma Mujahedin de Merouana, a dit qu’il se souvient bien, malgré ces 92 ans, qu’après le départ des militaires français qui ont encerclé la place pendant trois jours, il était quasiment impossible pour les moudjahidines de s’approcher de l’entrée de la grotte à cause de l’odeur de gaz.
Personne n’a pu entrer dans la grotte jusqu’à une semaine après le massacre, ajoute ce mujahid qui assure que ce que nous avons vu à l’intérieur était une horrible tuerie : les victimes brûlées vives de différentes régions étaient des masses de chair non identifiables.
Les corps d’une vingtaine de chouhadas ont pu être enlevés et enterrés (avant le transfert de leur dépouille après l’indépendance au Cimetière des Martyrs de Merouana), et les autres victimes se trouvent encore dans les entrailles de cette grotte où il était alors impossible d’entrer, le ajoute le même témoin.
L’arrestation d’un Fidaï a conduit à la découverte de Ghar Benkermiche
L’arrestation d’un Fidaï au troisième jour de la bataille de Sour dans le village de Nafla à Hidoussa, qui dura du 4 au 6 avril 1959, entraînant la mort de près de 100 civils menés par la chouhada, assure le moudjahid Djemaï Abidri alias Abderrahmane (86 ans), découvrant le refuge de Ghar Benkermiche.
Dans l’après-midi du même jour, les forces françaises avaient encerclé cet endroit avec des vols de reconnaissance intensifs pour empêcher tout retrait éventuel, a ajouté le même témoin.
Cette grotte se trouve sur un escarpement difficilement accessible en avion, ce qui a poussé l’ennemi à recourir à un char qui a lancé trois obus chargés de gaz toxique brûlant, détruisant l’entrée de la grotte et tuant tout le monde à l’intérieur dont Brahim Anoune, responsable pour ce refuge, son frère, son fils et le gardien de la grotte, dit Abidri.
Le massacre de Ghar Benkermiche, qui prolongea la bataille de Sour, fut perpétré de la même manière barbare que le massacre perpétré deux semaines plus tôt, le 23 mars 1959, dans la grotte de Ghar Ouchettouh, près du village de Terchiouine en Taxlent (Batna) où il y avait 118 personnes. gazés, a souligné Abidri qui a noté que la seule différence est le nombre de victimes.
Les deux meurtres de Sour et Ghar Benkermiche étaient des représailles contre la population de la région de Hidoussa, qui offrait plusieurs refuges et points de repos et de ravitaillement aux moudjahidines empruntant ce passage stratégique reliant les monts Ouled Soltane, Guétiane et Boutaleb à l’est du mont. Aurès, dit le même témoin.
La grotte de Benkermiche sur le mont Arfa dans la chaîne montagneuse de Chelaâlaâ a d’abord été un centre de ravitaillement et de repos pour les moudjahidines sous la direction de la famille Anoune, avant d’être transformée en infirmerie après l’aménagement de petites chambres en bois par les deux Chouhada Moukhtache Mohamed et El Messaoud, ont déclaré pour leur part Hamdane Touile dit Djemaï et Amar Aboubou, tous deux âgés de 82 ans.
Selon plusieurs témoignages, cette grotte a servi de refuge aux habitants de la région lors des événements de 1871 et 1916, avant d’être choisie par l’ALN comme centre de repos pour les moudjahidines puis comme infirmerie pour les blessés, qui est aujourd’hui témoin de la barbarie de l’occupation française par l’armée et des sacrifices du peuple algérien dans sa lutte pour l’indépendance.