La bataille du village d’Ouled Yaich à Blida, qui eut lieu le 17 septembre 1956, restera dans les annales des batailles les plus célèbres livrées contre le colonialisme français, comme la « brillante revanche » des moudjahidines de la région contre le humiliations subies par la population de ce village, disent d’anciens moudjahidines de la région.
Las des injustices récurrentes, des humiliations et des attentats subis au quotidien par le colonialisme français, les habitants de ce village aux mille âmes firent alors appel aux moudjahidines, qui décidèrent de venger leur honneur le 17 septembre 1956
Le Village des Ouled Yaich comprenait, à cette époque, un important centre de formation des moudjahidines et du maniement des armes, ouvert le 14 mai 1954 par les moudjahidines Mohamed Boudiaf et Souidani Boudjemâa, dans le cadre des préparatifs de la guerre de libération nationale.
La région était également un point de transit pour les armes, selon les informations recueillies auprès de la direction locale des moudjahidin et des détenteurs de droits.
A la tombée de la nuit, le 17 septembre, 39 moudjahidines du centre de Beni Kinâa de Soumaâ (Est), ont rejoint le village. Ils se sont séparés en trois groupes, entre Douar Ouled Yaich et le village des colons, avant de tendre une embuscade à 35 soldats français vers 20h30. L’opération est un succès, car les soldats français sont tous débordés, entre morts et blessés.
Cependant, l’arrivée inopinée de patrouilles françaises sur les lieux empêche les moudjahidines de s’emparer des armes et munitions ennemies et entraîne la mort de l’un d’entre eux dans un échange de coups de feu.
A la tombée de la nuit, les forces françaises débarquent en grand nombre dans le village, venant de diverses régions voisines, dont Soumâa, Boufarik, Oued El Alleug et Blida.
Leur vengeance contre les habitants a été sauvage et brutale, ils ont tout décimé sur leur passage, même les animaux, et tout le village a été incendié, déplore la même source.
Ce massacre par les forces françaises s’est soldé par la mort au champ d’honneur de 31 villageois, les autres étant chassés de leurs terres et de leurs maisons, qui ont brûlé dans l’incendie.
De plus, le village fut assiégé pendant une semaine, durant laquelle les habitants qui se présentèrent aux Français, restant sur place, subirent toutes formes de tortures et d’humiliations, jusqu’à ce qu’ils décident tous de quitter leur village.
Ce n’est qu’au début de 1958 que la vie reprit progressivement à Ouled Yaich, suite à la décision prise par les colonisateurs français d’en faire un camp de concentration pour les villageois de montagne, déplacés de force de leurs villages, devenus zones interdites, pour mettre fin la révolution.
La bataille du 17 septembre 1956, la dignité rendue aux villageois
La bataille d’Ouled Yaich a permis de rendre leur dignité aux villageois qui ont subi toutes les formes d’humiliation de la part du colonisateur, à démontrant en même temps la puissance de la guerre de libération nationale, ont déclaré les habitants de ce village, parmi ceux qui ont survécu à ces événements douloureux, dans leurs témoignages recueillis par l’APS.
Noureddine Keroual, un colonel à la retraite de l’Armée nationale populaire (ANP) âgé de 13 ans, a affirmé que la bataille d’Ouled Yaich avait causé des pertes humaines et matérielles « considérables » à l’ennemi français.
Ce témoin oculaire de cet événement historique a indiqué que les moudjahidines se sont engagés dans cette bataille pour « venir en aide aux villageois, victimes de l’oppression et de l’injustice quotidiennes des soldats français ».
Décrivant cette nuit sanglante, lorsque des soldats français, accompagnés de leurs chiens, ont attaqué les maisons du village, le colonel à la retraite (77) a indiqué que les soldats étaient « d’une extrême sauvagerie. Ils ont exempté tous les habitants de la leur. propriété, et visaient surtout les jeunes, dont ils tuaient un grand nombre, quand les plus âgés étaient arrêtés, après avoir été torturés ».
Mais le plus dur pour lui, se souvient-il avec amertume et tristesse, a été « le moment où les soldats français ont réveillé mon frère, qui n’était marié que depuis une semaine, pour l’exécuter par balles en compagnie de sa cousine la mienne, avant de mettre le feu à la maison familiale, sans donner de motif ». Le reste de la famille a quitté le village, ainsi que tous les autres habitants.
Ces événements sont restés à jamais gravés dans la mémoire de M. Keroual, qui a décidé après l’indépendance de les partager avec les générations futures, « pour que personne n’oublie », a-t-il dit.
Il décide, à ce titre, d’auto-éditer un petit livre, relatant tous les événements de cette bataille, dont il commémore annuellement l’anniversaire en distribuant ce livre dans les mosquées, les cafés et les lieux publics. wilaya, pour perpétuer à jamais la mémoire de ce village martyr.
Un moudjahid de la région, Khaled Taleb, a à son tour confirmé les exactions commises par des militaires français contre les villageois d’Ouled Aich, dont la plus brutale a été l’exécution gratuite d’un enfant du village avant de le jeter dans la fosse du village. Un événement qui a également été à l’origine de l’appel d’urgence lancé en direction des moudjahidines, a-t-il précisé.
Ce Moudjahid n’a pas manqué d’exprimer sa « fierté » envers son frère Noureddine Taleb, qui a participé à cette bataille mémorable, avant de tomber au champ d’honneur quelques années plus tard.
« Cette bataille est la preuve du soutien des moudjahidines à leur peuple, ainsi que de leur engagement à défendre et à protéger leur dignité et leur honneur, dont la France coloniale a tenté en vain de les priver », a souligné M. Taleb.
A noter qu’une étoile commémorative a été érigée à la mémoire de ces héros, au cimetière d’Ouled Yaich. Il comprend les noms des moudjahidines qui ont participé à cette bataille, notamment Boudjemaâ Ahmed, Yaich Achour Omar, Laichi Khelil, Rabah Chalabi, Ahmed Kala, Noureddine Taleb, Messaâdia Rachid et Mohamed Hadef.