Infatigable dirigeant de l’Organisation spéciale (OS), âme même de l’OS, Mohamed Belouizdad, dont la famille était entièrement vouée à l’Algérie, s’est engagé dès son plus jeune âge dans le mouvement national, dans lequel il s’est imposé parmi ses ténors comme un haut fonctionnaire et un remarquable militant.
Mohamed Belouizdad est né en 1924 à Alger, où il obtient le « Brevet Supérieur », équivalent au Baccalauréat.
À 19 ans, il dirige le Comité des jeunes de Belcourt du Parti populaire algérien (PPA) qui compte en 1944 près de 500 membres.
Mohamed Belouizdad était l’un des organisateurs de la manifestation du 1er mai 1945, ce qui lui a donné envie d’être « activement » fouillé par la police, selon Benyoucef Ben Khedda dans son livre « Origines du 1er novembre 1954 ». son père et ses frères ont été arrêtés et sa famille maltraitée. Un de ses frères, Sahnoun, est mort en prison.
Mais Mohamed Belouizdad a poursuivi son activité militante. Il mène une vie « clandestine » sous le pseudonyme « Si Messoud ».
Il est envoyé à l’Est du pays. Il y resta deux ans, période pendant laquelle il réussit non seulement à restaurer l’Organisation démembrée par la grande répression de mai 1945, mais aussi à former des noyaux là où ils n’existaient pas.
Il participe, à la tête de la délégation de Constantin, au congrès de 1947, qui voit la constitution du SO, dont il sera le chef.
« Intelligent et courageux », malgré son jeune âge, il a soutenu Benyoucef Ben Khedda, il s’est pleinement engagé dans la lutte libératrice contre la France coloniale.
Mohamed Belouizdad a été contraint de renoncer à son siège de député, Hocine Aït Ahmed, parce qu’il l’a dépensé sans en tenir compte, lui causant des problèmes de santé, l’empêchant d’exercer ses responsabilités de chef national de l’OS.
Mohamed Belouizdad a constitué son état-major, composé d’éléments » rigoureusement » sélectionnés, car la tâche qui les attendait était difficile. Il a travaillé avec pédagogie pour expliquer les objectifs assignés à l’OS et ce qui attendait chacun de ses éléments après leur engagement dans cette voie.
Aït Ahmed a déclaré dans son livre « Mémoires d’un combattant, l’esprit d’indépendance 1942-1952 » des « secrets » et des informations « précieuses ».
Selon Aït Ahmed, Mohamed Belouizdad avait une culture « remarquable », qu’il n’affichait pas, ne la révélant que dans des interventions « extrêmement rares », mais d’une « sobriété et clarté inhabituelles ».
Il ne s’est jamais plaint de la maladie (il souffrait de tuberculose), il ne s’est jamais emporté. Sa réserve n’était nullement « indifférente », mais une attention « humble » et « bienveillante ».
D’origine plébéienne, il devait, ajoute Aït Ahmed, « ses manières aristocratiques ont affiné son sens des responsabilités et son flegme ».
Il meurt en janvier 1952, à l’âge de 28 ans, et le PPA-MTLD lui offre des funérailles nationales.