Une commission nationale intersectorielle pour le classement des éléments du patrimoine culturel immatériel sera mise en place dans les « prochaines semaines », a indiqué Farid Kherbouche, directeur du Centre national de recherche en anthropologie historique (CNRPAH).
„Dans les semaines à venir, le ministère de la Culture mettra en place une commission nationale intersectorielle pour le classement des éléments du patrimoine culturel immatériel (PCI). Ce projet, le premier du genre, a déjà été lancé », a indiqué à l’APS M. Kherbouche, rappelant que par le passé, les procédures de classement se faisaient par l’intermédiaire du Centre qu’il dirige.
Cette structure aura pour objectif « d’identifier » tous les biens appartenant au patrimoine immatériel, en attendant leur classement au niveau national, avant de les proposer, dans un deuxième temps, sur la Liste du patrimoine mondial des Humanités Unies. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ajoute.
Bien qu’il ait relevé l’existence, depuis des décennies, d’une commission de classement des biens culturels appartenant au patrimoine matériel (bâtiments, sites archéologiques, etc.), la même personne a souligné l’urgence dont il faut donner à chacun d’eux ».
Rappelant qu’au niveau de l’Unesco, l’Algérie a jusqu’à présent classé 9 éléments de son patrimoine immatériel, il a déploré qu’en matière de biens corporels, « aucun dossier n’a été déposé à l’ONU depuis 1992 », année du classement Casbah.
De son côté, la chercheuse du CNRPAH Ouiza Galléze a estimé que, même à ce niveau, l’Algérie aurait pu faire plus : elle a accueilli la session 2006. Il n’a pas été difficile de se positionner pour être un pays pivot dans ce domaine ».
Selon elle, le patrimoine doit être considéré comme « un enjeu politique et comme un facteur de développement économique du pays, et doit, à ce titre, bénéficier de dispositifs juridiques adaptés » à son importance, argumente-t-elle, préconisant « des ”. actions, entre autres, à travers le lobby ».
Plus précisément, Mme Galléze a appelé à « la création de postes budgétaires de service public au profit des acteurs du patrimoine, à l’accroissement du rôle des experts et des chercheurs, à la création d’universités et de centres spécialisés et à une coordination entre tous les secteurs concernés ».
Saluant la présidence algérienne du Centre africain pour la sauvegarde du PCI, le chercheur en anthropologie estime que le pays pourrait profiter de cette réalisation pour devenir un « pays d’accueil et de transit » pour d’autres États du continent, recommandant pour ce faire. fournir aux chercheurs des « outils pédagogiques adaptés ».
Et d’insister sur l’aspect de la préparation pour permettre aux pays africains de bénéficier de l’expertise algérienne, dans le cadre des missions de cette structure régionale, plaidant, en ce sens, pour l’usage « à tout moment. moins d’une des deux langues dominantes en Afrique, sinon les deux à la fois », à savoir l’anglais et le français.
Pour rappel, la liste du patrimoine immatériel algérien classé par l’Unesco comprend, entre autres, les archives cosaques, communes au Maghreb, de « Rakb de Sidi Cheikh » (Fantaisie), Imzad, Sebiba (Djanet), Ahellil du Gourara (Timimoun ) et la calligraphie (2021), partagées par d’autres pays arabes.
Outre la musique de Raï, qui sera examinée en décembre prochain, l’Algérie déposera, en 2023 pour classement, le dossier de la « chanson féminine », dans toutes ses variantes nationales, sachant que dans le registre des éléments matériels, elles sont classés. inscrites au patrimoine mondial, notamment la Kasbah d’Alger, la Vallée du M’Zab, le Parc du Tassili N’Ajer (Tamanrasset) et la Kalâa à Béni Hamad (Béjaïa).