La perturbation des relations diplomatiques entre Alger et Rabat sera particulièrement coûteuse pour le Maroc d’un point de vue économique, estime Arslan Chikhaoui, spécialiste des questions géostratégiques.
« Il est clair que l’impact économique (de la rupture des relations) se fera plus sentir par le Royaume du Maroc que par l’Algérie, surtout si les zones aériennes et maritimes seront fermées (pénalisées) avec des coûts financiers supplémentaires pour chaque mouvement dans la mer Méditerranée. De l’ouest à la Méditerranée orientale et au Moyen-Orient », a déclaré Arslan Chikhaoui dans une interview publiée mardi dans le quotidien L’Expression.
Il a souligné que la décision de l’Algérie de cesser d’approvisionner le marché gazier espagnol via le gazoduc GME traversant le territoire marocain pénalisera le Maroc. En l’absence de GNL algérien, le marché intérieur marocain perdra 50% de sa consommation intérieure, en plus de redevances d’environ 1 million de mètres cubes de gaz (passage de gazoduc) par jour, affirme-t-il.
L’expert attend de l’Algérie qu’elle ne s’arrête pas à l’annonce de la rupture de ses relations diplomatiques et du remplacement du gazoduc GME par Medgaz reliant Beni Saf à Al Meria, sans exclure d’autres mesures.
Citant des « observateurs avertis », Chikhaoui affirme que les déclarations faites par les autorités marocaines au lendemain de l’annonce de la rupture des relations diplomatiques sont « au bord de l’insulte » et ne font qu’encourager l’escalade. En ce sens que le Maroc a réitéré avec sa réaction officielle le refus de répondre aux demandes de clarification de la partie algérienne.
Ces demandes d’éclaircissements font référence aux déclarations de l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies qui a exprimé son soutien à un prétendu droit à « l’autodétermination de la Kabylie ».
L’annonce de la rupture des relations avec le Maroc est intervenue « suite à l’annonce préalable du Haut Conseil de Sécurité (Algérien) de reconsidérer les relations entre les deux pays suite au soutien politique, moral et financier des mouvements séparatistes et terroristes par le Maroc. dit l’expert.
« C’est la première fois dans l’histoire des relations bilatérales que l’Algérie porte à l’attention du public le contenu des différends bilatéraux pour éliminer la spéculation nationale attribue les tensions entre les deux pays uniquement à la question du Sahara occidental.
« Les neuf plaintes contenues dans la déclaration de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en attestent », précise Arslan Chikhaoui.
Il notera toutefois que « cette déclaration de rupture des relations diplomatiques bilatérales insiste sur le fait humanitaire et pour lequel l’Algérie considère qu’au-delà de la fermeture des missions diplomatiques qui la matérialisera, les activités consulaires resteront opérationnelles pour permettre aux citoyens de les deux pays à ne pas être touchés dans leur vie quotidienne ».
Selon lui, « il y a environ 12.000 citoyens algériens légalement installés au Maroc et environ 300.000 citoyens marocains vivant en Algérie, dont 10% sont illégaux, soit 30.000.
– Aussi, les attaques contre les médias ou sous d’autres formes (…) que le Maroc mène de manière récurrente doivent impérativement cesser. »
En outre, « les attitudes et comportements d’acteurs extérieurs à la région (Turquie, Émirats arabes unis, Qatar, Chine, Russie, France, États-Unis, Royaume-Uni, UE, Israël) et en compétition sur des enjeux à la fois géopolitiques et géoéconomiques sera déterminante dans l’évolution de cette crise qui, à ce stade, est un conflit de faible intensité. « Il prédit.